Une nouvelle aventure

Fin novembre 2021, je démissionnais de Next INpact, avec un départ effectif le 31 décembre dernier. Je me suis déjà expliqué sur les raisons de cette décision dans un précédent billet de blog, et en quoi cette année était particulière pour moi.

Les réponses, ça se trouve

Je me suis toujours demandé ce qui m'attendrai "après" cette aventure de 20 ans, sans jamais avoir trouvé de réponse. Comme je n'ai jamais aimé être dans l'expectative, j'ai fait le grand saut, comme une expérience de laboratoire. Quand on a l'âme d'un testeur, ça parait logique.

Si j'avais quelques pistes sur ce qui me plairait pour la suite je n'avais pas d'idée précise en tête. Plutôt une (longue) liste de tout ce que je ne voulais pas : travailler pour une grosse boite (je reste un amoureux de l'artisanat), étrangère (#Souveraineté), dans les relations presse (trop cliché), un poste trop loin de la technique (les serveurs sont mes amis), etc.

Car si j'ai fait le choix de partir, c'était avant tout pour passer enfin un peu de temps avec ma famille, loin de la fureur de l'actualité, tout en continuant à bidouiller des machines, plus proche de la conception des infrastructures, à expliquer nos métiers, passionnants.

Autant dire que je cherchais le mouton à 5 pattes. J'en étais conscient, ma femme aussi, mais on ne contrôle pas sa folie, ses envies, à moins de vouloir être malheureux (et ce n'est pas mon cas). On vit avec et on s'adapte aux conséquences. La situation n'en était pas moins une source d'angoisses après ce grand saut (sans assurance chômage) : journaliste spécialisé dans les nouvelles technologies, tendance bidouilleur de serveurs écrivant sur VLC... dans un village d'une centaine d'habitants en plein cœur de l'Aube. Vous imaginez l'ambiance au premier rendez-vous Pôle Emploi ? Néanmoins, j'avais confiance.

Car, à tort ou à raison, je me suis toujours vu et vécu comme un "trouveur de solution" plus qu'autre chose. Partout où je vais, mon cerveau est constitué de manière à voir ce qui cloche et à tenter de résoudre les problèmes identifiés, de manière plus ou moins élégante. Mais cela ne fonctionne bien que dans mes domaines de compétence, assez ciblés, pas les moissonneuses-batteuses (quoi que de plus en plus connectées, il n'est jamais trop tard pour s'y mettre...).

Un accueil plutôt positif

Rapidement, j'ai tout de même été rassuré. Quelques minutes après l'annonce de mon départ, un samedi 1er janvier au matin à 10h, on me proposait du travail. Les plus rapides ont bien entendu été les confrères, qui m'ouvraient leurs colonnes (papier ou web) pour continuer comme journaliste indépendant, en complément de Next INpact.

Puis il y a eu des propositions plus ouvertes, là aussi sur des postes où je savais que l'on m'attendait : dans la communication, parfois technique. Et quelques bonnes surprises, avec des postes parfois assez flexibles et plus proche du "cœur de la machine". Je remercie au passage tous ceux qui m'ont fait ces propositions. Bien que (presque) toutes refusées depuis, elles m'ont aidé dans cette période et m'ont touché.

J'ai commencé par dire non à tout ce qui était lié à la presse, au marketing. Dans le journalisme, notamment spécialisé, c'est souvent perçu comme "la suite logique", mais ce n'est pas ma conception du métier et ce n'était pas mon envie.

Puis je me suis demandé qui était mon mouton à cinq pattes, qu'elle était l'entreprise où je risquais de me sentir bien et de faire ce que j'aime ? C'est après avoir répondu à cette question que j'ai décidé de signer la semaine dernière chez Clever Cloud.

À compter de ce 1er mars, j'y officierai comme responsable de l'évaluation des plateformes matérielles, alors que l'entreprise se développe dans l'IaaS et un nouveau datacenter, avec une approche "multi-vendor" et "multi-cloud" qui implique une indépendance d'esprit qui n'est pas pour me déplaire.

Tout est question d'affinités

Ma rencontre avec Quentin Adam, co-fondateur et PDG de Clever Cloud, est pour beaucoup dans ce choix. Elle a tout d'abord été lointaine. Dans le cadre de la préparation d'un article sur le langage Rust il y a deux ans, j'étais à la recherche de cas de développeurs en ayant vanté les mérites. Je suis alors tombé sur l'une de ses interventions de 3h à Devoxx, regardée un dimanche matin (avec mon fils, qui aurait sans doute préféré la Pat' Patrouille) puis d'autres.

Déjà à l'époque, j'étais impressionné par sa capacité (outre à tenir si longtemps à parler devant une salle) à expliquer ce que faisait son entreprise, ce qu'elle préparait et les décisions (parfois assez techniques) sous-jacentes, avec un amour du bas niveau. Puis je suis passé à autre chose.

Nous avons eu notre première discussion lorsque j'ai eu à l'interroger à l'annonce du cloud de confiance par le gouvernement. Ceux qui me connaissent savent que je suis une pipelette au téléphone. Lui aussi. L'échange a duré quelques heures où nous avons parlé du sujet du jour, mais aussi de tout et de rien, de son implication à l'Open Internet Project ou dans Mak'air, de la volonté de Clever Cloud d'avancer dans le hardware. C'est surtout ce dernier point qui m'intéressait, même si je sentais que tout cela n'était encore qu'en maturation.

À la fin de l'échange, je lui fais savoir que je veux en discuter pendant l'été. Mais le "coincer" pour écrire sur l'avenir de Clever Cloud aura été plus difficile que prévu, il était pris par ses différents projets, en recherche d'un nouveau CTO. Finalement, on se parle un dimanche, alors qu'il prépare un flan. Puis un peu plus tard, pour recouper certains éléments.

Au final, je découvre un entrepreneur dont je me sens proche sur l'essentiel des valeurs, sa vision de notre écosystème, du besoin de marquer sa différence. Surtout, il a compris que, même si le logiciel est l'essentiel de son métier, le matériel n'en est pas pour autant une "commodité". Il est à comprendre et à maîtriser, créateur de valeur si l'on sait s'y prendre.

Et si mon caractère fait que rares sont les personnes avec qui "j'accroche" réellement (allez savoir pourquoi, elles bossent souvent dans le cloud), là, c'était le cas.

Place à la bidouille !

Lorsqu'il a appris que j'étais disponible et que nous avons commencé à en discuter, il a rapidement exprimé l'envie que je travaille avec l'équipe et le nouveau CTO, Steven Le Roux, sur la conception de produits où les choix "hardware" pouvaient être essentiels, comprendre et "craquer" certaines problématiques... mais aussi à les expliquer à l'extérieur. Et je me suis aperçu que c'était pile ce que je cherchais. Une telle tâche sera d'autant plus passionnante dans la période de profonds changements technologiques que nous vivons dans notre secteur.

Ces prochains jours, je vais donc prendre mes marques, le temps de découvrir l'équipe et mon nouveau rôle, tout ce que ce changement implique, puis m'atteler à la tâche. Vous avez envie d'en discuter ou de travailler avec Clever Cloud ? Mes DM sont ouverts sur Twitter.