Une page se tourne

Le Nouvel An est connu pour être une période où l'on prend de "bonnes résolutions". Pour ma part, j'ai décidé de changer de vie ou tout du moins de rythme de vie. Depuis ce samedi 1er janvier 2022, je ne suis plus directeur de la rédaction de Next INpact.

Une décision prise fin novembre et annoncée à l'équipe depuis. En accord avec Christophe (Neau, fondateur et actionnaire principal de l'entreprise), je reste néanmoins pigiste, afin de continuer à exercer ma passion : décortiquer les nouvelles technologies. J'aiderai également ici ou là pour la continuité de certains projets.

Changer de cap

N'allez pas chercher de sens caché à cette décision, elle est strictement personnelle. J'ai commencé à écrire pour vulgariser la "Tech" lorsque j'avais 17 ans, j'en ai désormais 39. J'ai consacré près de 20 ans de ma vie au journalisme et à notre communauté. Cela m'a beaucoup apporté mais aussi beaucoup coûté, sur de nombreux plans.

J'ai expliqué il y a quelques mois en quoi l'année à venir serait spéciale pour moi. Le 31/12/21 a toujours été une date butoir, celle avant laquelle je devais décider de la suite à donner. Je voulais terminer la trilogie de magazines que nous avions débutée, c'est (presque) fait. Je voulais aussi décider comment j'occuperai le reste de ma vie.

Ceux qui me connaissent savent que je cogite beaucoup, plutôt en avance de phase. Comme je le dis régulièrement, mon boulot, c'est avant tout de savoir anticiper. Cela fait donc quelque temps déjà que je me pose la question de l'après Next INpact. Qu'adviendrait-il si un jour tout cela venait à s'arrêter, volontairement ou non ?

Pour être honnête, je n'ai pas trouvé de réponse. Me reconvertir comme responsable presse d'une grande marque ? Travailler chez l'un des géants américains du marché ? C'est en général la suite logique dans nos métiers, mais ce n'est pas pour moi. Je le sais pour avoir déjà exercé de l'autre côté de la barrière à mes débuts et pour avoir passé des années à voir la pression qui s'exerce au sein de ces grands groupes, où le quotidien prend des allures de jeu politique, sauce internationale.

Ainsi aurais-je pu postuler chez NVIDIA qui se cherche un responsable marketing pour son offre "Pro", mais je ne l'ai pas fait. Je n'aurais d'ailleurs peut-être pas été retenu si cela avait été le cas. Je ne suis pas fait pour ça, pas du genre à rentrer dans un moule. D'autant que le poste est en région parisienne et que je tiens à mon enracinement local, à mon petit village de campagne, à son "calme", au temps passé dans mon jardin, à mes voisins sympas qui ne comprennent pas toujours ce que je fais dans la vie.

L'amour de mes proches et de la Tech

C'est d'ailleurs la première conclusion issue de ma réflexion : ma vie actuelle me laisse trop peu de temps pour profiter de tout cela, et de ma famille.

Sur le pont dès 4h à 6h et parfois jusqu'assez tard dans la journée, je passe mon temps à refuser les invitations, à répondre que je ne sais pas si je pourrais être présent car l'actualité peut à tout moment prendre le pas sur mon organisation.

Combien de "vacances" ou de tentatives d'avancées dans les travaux ont été gâchées par un NDA de dernière minute, par une annonce importante imprévue ? L'actualité ne dort jamais, la tech et l'innovation non plus. Moi, trop peu.

Surtout, après trois ans à repenser INpact Hardware et plusieurs mois à travailler sur notre troisième magazine, j'ai compris que ma passion restait avant tout la tech et prendre le temps d'échanger avec ceux qui la font avant tout, plus que le journalisme. Ou tout du moins, plus que le fait d'organiser le travail d'une rédaction au quotidien, de façonner un média, son modèle économique et son avenir. J'ai fait le tour de ce sujet.

Je passe parfois une partie substantielle de mes journées à faire autre chose qu'analyser des PDF, monter des machines/plateformes de test et décortiquer des technologies, alors que c'est cette partie de mon métier qui me passionne le plus. J'aimerais parfois pouvoir prendre le temps de m'enfermer dans mon labo pour mieux l'organiser, monter tout un réseau pour un essai en particulier, sans interruption et sans avoir à gérer "le quotidien". Cela m'est actuellement impossible.

Savoir laisser la place

Puis j'ai toujours été persuadé qu'il faut savoir se remettre en question, ne pas s'habituer au confort d'une situation, repartir sur une page blanche.

Et qu'un média doit savoir vivre avec son temps, son époque. J'ai été en position de faire de Next INpact ce qu'il est aujourd'hui, de la référence (reconnue) qu'il constitue dans notre secteur et j'en suis fier. Un travail qui n'aurait pas été possible sans l'équipe exceptionnelle qui m'a accompagné tout au long de ces années.

Mais ce sera désormais à d'autres de l'adapter à notre époque, de faire vivre cette marque et cet esprit qui nous anime, seul éternel : "Si tu ne sais pas demande, si tu sais partage". Ainsi, je vous demande de continuer à les soutenir, comme je le ferai, dans cette période de transition. Pour que l'INpactitude perdure.

À titre personnel je ne participe plus aux décisions stratégiques de l'entreprise, même si je continuerai d'assister Christophe sur certains sujets de manière ponctuelle. Et je pourrais ainsi me concentrer sur l'écriture d'articles et de dossiers au long cours, que je soumettrai à la rédaction. Mais aussi me remettre à développer certaines de mes applications et à m'impliquer dans d'autres projets.

Ouvrir ses chakras

Ce dernier point a d'ailleurs été l'un des principaux à jouer en faveur de ma décision. Ma position de directeur d'une rédaction m'empêchait régulièrement de participer à des initiatives tierces que nous pouvions avoir à traiter comme des sujets d'actualité.

Ainsi, je ne me suis jamais permis de soutenir Framasoft financièrement, c'est fait. Ce sera ma première contribution au bien commun. Lorsque Jean-Baptiste Kempf m'a proposé à la rentrée d'écrire un livre en accès libre sur les débuts de l'aventure VLC en allant à la rencontre de ceux qui y ont participé, j'avais initialement refusé, là aussi pour des considérations déontologiques. J'ai finalement accepté.

What Else ? Je ne sais pas. Je vois dans cette décision une exploration toute personnelle de la théorie de la destruction créatrice. Car après des mois de réflexion, j'ai compris que je ne pourrais jamais savoir ce que serait ma vie hors de Next INpact ou Next INpact sans moi, à moins de faire le grand saut.

Maintenant qu'il est fait, il ne me reste plus qu'à écrire la suite. Vous voulez me faire part de vos idées, de votre réaction ou de vos propositions, vous pouvez me joindre via Twitter ou par e-mail : david@lgrd.me